Malou et ses loups

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Une discussion avec Maëlle, écrivaine, chroniqueuse du quotidien, créatrice et fervente défenseuse du Made in France !

Maëlle est une maman comblée de 5 enfants, sosie à s’y méprendre de Jackie O’. Elle tient un compte instagram où il fait bon se balader. Créatrice à ses heures, elle chronique son quotidien avec ses enfants et partage généreusement ses expériences. Inspirante sans jamais être donneuse de leçons, Maëlle a su créer un instagram qu’on adore suivre.

Merci beaucoup Maëlle pour cet échange, on sait que tu as cinq petits loups mais peux-tu nous en dire un peu plus sur toi ? Quel est ton parcours ?

Bonjour ! je suis effectivement l’heureuse maman de cinq enfants. Mais avant cela, il y a une trentaine d’années, je suis née sixième enfant d’une fratrie de neuf ! Nous étions huit filles et un garçon. Bien avant les réseaux sociaux, je crois que l’on faisait déjà beaucoup parler de nous…

Plus tard, pendant mes études de lettres puis ma formation de professeur des écoles, j’ai rencontré et épousé le papa de mes enfants, lui-même quatrième d’une famille de six ! J’ai travaillé quelques années comme maîtresse à Paris, puis plusieurs déménagements successifs ainsi que l’arrivée de mes deux derniers enfants m’ont contrainte d’arrêter d’exercer cette profession, au moins pour un temps !

Tu arrives à conjuguer de main de maître ton quotidien de maman avec tes passions, la couture et la déco. Peux-tu nous raconter comment tu as appris et si quelqu’un t’y a initié ?

Ah ah, je ne montre que ce que je veux bien montrer ! Parfois, la barque prend l’eau !! Ceci dit c’est vrai, je fais énormément de choses. Pour la couture, j’ai commencé par me faire offrir une machine à coudre, pour notre mariage, en 2011. A l’époque, je ne savais pas du tout m’en servir mais je m’étais dit qu’au moins, j’aurais déjà le matériel pour « le jour où » ! C’était aussi le moment où jamais, grâce à l’argent offert par nos proches, d’investir dans un matériel de qualité. J’avais en tête les mots de ma maman : « Un bon outil, on le garde toute sa vie ! ». La machine est tout de même restée au placard presque quatre ans. J’ai bien cousu un ou deux vêtements de bébé, mais le rendu était très approximatif ! C’est après la naissance de mon troisième que j’ai décidé de m’y remettre vraiment. J’ai appris toute seule, ce qui n’a pas été sans peine ! Le plus dur n’est pas tant de coudre que de soigner les finitions, créer ses propres gabarits, travailler le produit sur l’envers… Des lingettes, c’est facile, mais un sac de bowling avec une doublure, une fermeture éclair et des poches, ça se complique ! Parfois, point par point, il a fallu tout défaire. J’ai passé des nuits entières à « patronner » dans ma tête ! Très vite pourtant, cela est devenu une passion. J’ai monté une boutique en ligne sur AlittleMarket, une plateforme de vente en ligne pour les créateurs français (rachetée par Etsy en 2017). Lingettes lavables, anneaux de dentition, couvertures, trousses de toilette, tapis d’éveil, linge de lit, sacs à langer, doudous, coussins, la collection s’est vite agrandie et j’ai fait beaucoup de ventes ! Ce qui m’a poussée à devenir auto-entrepreneur et à déposer ma marque en 2018.

Ce qui nous anime chez Pioupiourico, c’est la transmission. Quelles sont les choses qu’il te semble importantes de transmettre aux enfants entre 3 et 8 ans ?

Je mets un point d’honneur à transmettre nos valeurs à nos enfants : le respect, la politesse, l’obéissance, la foi ! C’est un travail de longue haleine mais sur lequel je ne cède jamais. J’essaie aussi d’y ajouter un zeste de bon sens, et le goût des choses bien faites ! Je suis absolument fascinée aujourd’hui par le monde de l’approximation dans lequel nous vivons : les ordres et contre-ordres de ceux qui nous dirigent, les dossiers que l’on refait dix fois pour les mêmes administrations, les publicités avec des fautes d’orthographe. Je crois que ce que je déteste le plus, c’est quand je fixe un rendez-vous ou une contrainte avec quelqu’un, et que cette personne me demande si je pourrai lui rappeler la veille, des fois qu’elle oublie. Cela me rend folle ! Je ne crois pas être plus intelligente ou plus débrouillarde que d’autres, mais je m’impose quelques règles. Être une personne fiable, c’est « la base » : l’approximation des uns rejaillit toujours sur les autres ! Impossible ici de ne pas avoir une pensée émue pour mon papa (de qui je tiens sans doute une certaine rigueur, elle même issue de son père…) qui nous a toujours répété : « Les personnes cool, c’est fatigant ! ».

As-tu tiré une leçon spécifique sur le sujet suite à ton expérience de professeur des écoles ? Cette expérience, tu la décris dans ton livre « Au pied de l’estrade ».

Pendant mon expérience de quatre ans « Au pied de l’estrade », j’ai appris deux choses (non, en fait, j’en ai appris des milliers). 

La première, c’est qu’il est absolument impensable d’exiger de ses élèves quelque chose que l’on ne s’impose pas à soi-même. On revient toujours au goût du travail bien fait ! Un élève sera plus enclin à garder son cahier présentable si nous tenons proprement notre tableau, par exemple. Il en va de même pour la ponctualité, la tenue vestimentaire, les grossièretés, la façon dont nous nous adressons à nos collègues… Tout, en fait !

La deuxième est évidemment en contradiction totale avec la première. Ou presque. J’ai appris que plus on reconnaît ses erreurs auprès de ses élèves (cela fonctionne aussi avec ses enfants, mais c’est autrement plus difficile !), plus leur attachement à adopter un comportement adapté est fort. Les élèves ont besoin d’avoir face à eux un enseignant exemplaire, certes, mais aussi un être humain. Qui a été élève, enfant, qui a connu des échecs, détesté les mathématiques, qui avait peur d’aller à l’école, et qui se trompe même encore, adulte ! Les performances des élèves dépendent étroitement de leur volonté de réussir, qui elle, est très fortement liée aux messages forts portés par les adultes qui les encadrent. On peut être imparfaits, et réussir quand même. En fait, tous ceux qui réussissent sont imparfaits… Ce message a une portée plus forte encore dans les écoles relevant de l’éducation prioritaire, dans lesquelles j’ai pu exercer. Dans ce type d’établissement, le déterminisme social n’est pas du tout le même que dans les quartiers favorisés, et les élèves ont besoin de savoir que l’on peut s’en sortir même si l’on n’est pas nés avec un bagage social et culturel aussi imposant qu’ailleurs.

C’est peut-être ainsi, auprès de mes élèves, que j’ai commencé mes premiers petits récits de vie, avec mes bourdes et mes galères ! Ils ont été mon premier public, bien avant Instagram !

Tu es maman de cinq enfants, cela doit être difficile de consacrer du temps à chacun de tes enfants individuellement. Comment t’y prends-tu pour leur transmettre des choses ? Quels sont les autres membres actifs de la famille dans ce rôle ?

Oui, consacrer du temps à ses enfants, individuellement, c’est très difficile ! Mais, à raison de cinq ou dix minutes par-ci par-là, on y arrive. Tous les enfants n’ont pas les mêmes besoins au même moment. Pendant que certains dorment, lisent, ou jouent, d’autres préfèrent venir discuter. Ceci dit, je crois que c’est une idée fausse de penser que tous les enfants veulent passer du temps seuls avec leurs parents. Tous les enfants veulent surtout être aimés dans leur individualité, mais cela ne passe pas forcément par un tête-à-tête ! D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais eu besoin d’avoir ma maman pour « moi toute seule » ! J’aimais la compagnie de mes frères et sœurs. Et quand ils m’épuisaient, je privilégiais la solitude ! Quant à mon papa, qui du fait de son statut de militaire, a longtemps été peu présent, j’ai toujours apprécié les moments de retrouvailles qui suivaient chacun de ses retours, et c’est tous ensemble que nous les passions, autour d’un bon repas ! Mon frère lui a bien eu quelques traitements de faveur : il partaient souvent en voyage tous les deux, partageant la même passion pour le monde ferroviaire. Mais c’était le seul fils au milieu de huit filles ! Cela nous a toujours semblé naturel. Je n’ai jamais ressenti la moindre jalousie ! Et puis j’ai eu cette joie une fois, moi aussi, d’aller en Allemagne avec lui, en train de nuit. J’en garde de pétillants souvenirs.

Finalement, les rares moments que je passais seule avec mon papa, c’était dans son bureau, quand le bulletin de notes arrivait à la maison…et ça n’augurait pas toujours quelque chose de bon !

Avec mes propres enfants, je raconte beaucoup mon enfance, ils apprécient ces récits ! Je leur parle aussi de quand ils étaient bébé, de ce qui nous faisait rire, de leurs bons mots, leurs bêtises. Les discussions sont toujours très animées, ils en redemandent sans cesse !

Plusieurs fois par an, nous allons dans la maison de campagne de mes parents, où les enfants retrouvent leurs grands-parents mais aussi leurs cousins, et mes frères et sœurs. Leur journée commence parfois avant le lever du soleil, c’est dire s’ils ont le temps de partager des choses les uns avec les autres ! 

Nous avons également l’occasion d’aller dans ma belle-famille ou de voir les parrains et marraines, bien que ces moments soient trop rares à notre goût. Nous avons choisi des parrains et marraines avec qui nous partageons ou avons partagé des moments forts de notre vie, ainsi, nous avons pour les guider et les aimer, des personnes qui ont un jour fait la même chose pour nous.

Est-ce que les jeux sont des outils que tu aimes utiliser pour le faire ? Aurais-tu un jeu en particulier à nous conseiller ?

Je ne considère pas les jeux comme des outils. A la maison, on joue pour se détendre ! Après, nous choisissons des jeux de société qui nous permettent de passer de bons moments de partage ! Mon mari joue beaucoup aux échecs avec les enfants. Moi, je préfère les jeux de cartes ! Les enfants aiment les Memory, les jeux de 7 familles, et gagnent toujours contre moi ! En revanche je déteste les petits chevaux, c’est vraiment au-dessus de mes forces. Le Scrabble et les puzzles remportent l’unanimité : on prend notre temps, on discute ou on se tait, et c’est toujours bien comme cela ! Souvent, je conseille autour de moi Le Saboteur : des chercheurs d’or qui creusent en quête d’un trésor…pendant qu’un saboteur (Chut ! On ne sait pas qui c’est !) brouille les pistes pour les empêcher d’y arriver ! C’est un jeu qui nécessite beaucoup d’observation, et qui met en avant la cohésion et la stratégie. On ne peut pas gagner sans les autres chercheurs d’or, et à la fin, on partage le trésor ! C’est idéal pour aider les enfants qui aiment jouer « solo » ou ne jouent que pour arriver premier. Dans ce jeu, cela ne fonctionne pas ! Sauf quand ils piochent la carte « Saboteur », ils peuvent alors s’en donner à cœur joie, et se réjouir de ce petit pouvoir qu’il leur est donné, de nous « mener en bateau ».


Puisque Noël approche, peux-tu partager avec nous la tradition que toi et tes enfants préfèrent célébrer ?

Je suis une femme très conventionnelle, mais curieusement, je n’aime pas trop les traditions ! Les grandes tablées du réveillon, le poulet du samedi, la balade du dimanche, le petit cadeau convenu toujours offert en telle occasion, l’éternelle photo de famille… et plus généralement toutes ces choses commises d’office puisque l’« on a toujours fait comme ça ! » Très peu pour moi ! J’aime que l’on fasse ce qui nous semble beau, bon, ou bien à un moment donné, parce que le contexte s’y prête, ou parce que l’on a tel ou tel type d’invités, ou d’attentes. Le « C’est comme ça et pas autrement », cela ne me parle pas trop… Alors à la maison, je n’ai pas de grandes traditions. La seule chose à laquelle je ne déroge jamais, c’est l’histoire du soir ! Cette année, nous lisons juste un petit conte de Noël chaque jour après le dîner, avant le fameux « temps calme » récupérateur.

J’aime aussi écouter des chants de Noël, boire un thé d’hiver et manger les sablés à la cannelle que je n’ai pas commencé à faire… ! 

Et pour terminer, quel était ton jouet préféré quand tu étais petite (entre 3 et 6 ans) ?

C’est une excellente question ! Je me souviens que nous nous déguisions beaucoup, mais j’ai horreur de cela aujourd’hui, alors je peine à croire que cela ait été mon jeu favori. Je crois surtout que nous adorions enfiler la robe de mariée de ma maman, qu’elle avait « donné aux déguisements », et avec laquelle nous jouions sans nous lasser.

Je jouais aux Playmobils, aux cartes ou aux Pollypocket, un jeu que les jeunes générations ne connaissent pas !

J’avais également une poupée Corolle, petite, que j’aimais plus que tout. Je l’avais appelée Françoise, comme ma grand-mère maternelle… Je l’ai gardé précieusement jusqu’à mes vingt-cinq ans. Cela n’a sans doute pas plu à ma fille aînée, Louise, alors âgée de trois ans. Françoise, mon premier amour, est rapidement morte martyre… Mais ce que je trouve joli, c’est que ma fille a également choisi d’appeler sa poupée (qui elle, se porte comme un charme !) comme ses deux grands-mères, qui portent le même prénom, Caroline… Dans quelques années, mes petits-enfants appelleront peut-être leur poupée comme moi, en disant, Grands Dieux, que l’« on a toujours fait comme ça ! ».

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